jeudi 31 mars 2022

La guerre, sans fin 28

 



Photographie, Xavier Lainé, tous droits réservés


Alors tu vois je passe d’un livre à un autre et mon cerveau crée des liens.

Des liens invisibles que mes mots finissent par tisser sur les pages.

C’est comme un fil qui me lie du blanc immaculé aux pages noircies par tant et tant que se firent témoins.

Je me jette sur cet « Archipel du Goulag » que je n’avais pas lu adolescent, bien qu’ayant vécu en direct les tribulations de son auteur.

Non sans avoir été accusé d’en faire état en un temps où je fus communiste avant que ceux-là même me tournent le dos.

« Il reste les meilleurs » me disaient-ils avant de me montrer la porte à mon tour.

Mais si nous voulons comprendre la tragédie qui traverse le XXème siècle et se poursuit au XXIème, il nous faut nous pencher sur ces témoins.

Il nous faut décrypter en quelle naïveté nous ont jetées les idéologies mal pensées, d’un côté comme de l’autre de cette frontière que tracent les puissants sur la carte de nos existences.

Il me faut lire et puis ensuite écrire pour attraper le fil au hasard de mes errements de pensée.

Me fonder en une pensée errante, puiser dans mes doutes la force encore d’exister en écrivant pour ne rien perdre.

Me faire témoin à mon tour.


« La guerre n’a pas un visage de femme », « Les cercueils de zinc », « La supplication », « La fin de l’homme rouge » de Svetlana Alexievitch sont là, tous commencés, tous difficiles à finir car ils disent l’indéfinissable fil d’humanité sous les évènements de l’histoire (ceux qui seront retenus par l’histoire en oubliant le tissage du vivant qui est derrière).

Je termine « Ceux qui trop supportent », de Arno Bertina : je me dis qu’elle est là cette guerre sans fin que les peuples ne cessent de subir, non sans lutter pour ne pas sombrer, ou pour croire, avec une naïveté feinte, encore, en quelque chose qui pourrait être la « démocratie ».


Xavier Lainé


25 mars 2022


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