dimanche 3 avril 2022

La guerre, sans fin 30

 



Photographie, Xavier Lainé, tous droits réservés


« Notre siècle souffre d’une pléthore d’idéologies totalitaires qui, en mettant les hommes au service de l’histoire, leur interdisent de jouer un rôle quelconque au service de leur propre humanité. » Murray Bookchin, L’écologie sociale, éditions Wildproject, 2020


Mais parfois même pas besoin.

Même pas besoin d’idéologie pour arriver à cette vision totalitaire.

Il suffit de peu de chose, savez-vous, pour faire de l’homme une brute sans foi ni loi.

Il suffit de la menace, de la contrainte, de la pression et de l’illusion.

On te brandit sous le nez un rêve consumériste où ton bonheur serait lové au fond d’un porte-feuille.

D’un porte-feuille tout juste alimenté pour servir la satisfaction de tes besoins créés de toute pièce.

Tout juste, mais plus souvent calculé si juste qu’une fois payé ce qu’on te prétend indispensable, tu n’as plus de quoi assumer le vital.

Alors, bons diables, ils te proposent le crédit, ce truc diabolique qui fait de toi leur esclave.

Le crédit comme outil, comme épée de Damoclès, de ta consentante et consternante soumission.

Il n’est pire virus que cet esclavage, pire pandémie que cette menace permanente qui t’invite à regarder tout un chacun comme ennemi dans cette guerre de tous contre tous alimentée au biberon du capital.

La soumission à cette idéologie qui ne dit pas son nom, ne montre jamais son visage, trouve son accomplissement en ces temps où nulle pensée hors des clous de la bienséance nauséabonde néo-libérale ne peut s’exprimer au grand jour.

On commence par la « sensure », celle qui te prive du sens des choses et des mots, pour terminer en auto-censure qui te retient d’afficher ce que tu es, ce que tu penses.

Te voilà prisonnier derrière les fausses frontières.


Xavier Lainé


28 mars 2022 (1)


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