lundi 4 avril 2022

La guerre, sans fin 32

 



Photographie, Xavier Lainé, tous droits réservés


J’arrive au terme d’un mois sur ce territoire d’une guerre sans fin !

Ai-je pu documenter en quoi la guerre en cours en Ukraine n’est qu’un épisode de plus de celle, infinie, existante depuis qu’une poignée d’humains, forts de se croire sapiens, ne savent qu’utiliser la force pour s’approprier la terre ?

Ai-je su dire ce qui ne se dit pas, ce qui rend un écrit illisible parce qu’il retourne le couteau dans la plaie du conformisme tellement plus confortable que le doute ?


À l’heure de mettre un terme à ce voyage d’un mois en territoire de permanents conflits, je doute moi-même de la véracité de ce que je ressens.

Écrire ne me donne aucun droit de vérité.

Écrire ne fait que me mettre à cette distance qui monte les gradins de la littérature pour seulement me hisser au sommet d’une montagne de mots.

En écrivant, en découvrant que des imbéciles bien français veulent interdire la littérature ou la musique russe, que d’autres abrutis demandent à débaptiser un lycée Soljénitsine, je pense à tous ces musiciens, danseurs, écrivains qui se sont élevés contre les pouvoirs totalitaires imposés à leur pays depuis toujours.

Les voix qui s’élèvent contre cette stupidité qui ne fait que nourrir les démons de ce siècle sont rares.

Je pense à André Markowicz s’appuyant sur les vers d’Anna Akhmatova.

Je pense à Svetlana Alexievitch dont si peu répandent la parole.

Je pense à Mandelstam mort dans les camps du stalinisme.


Mon adolescence fut bercée par le chant d’Henri Troyat dans « La lumière des justes » : celui des Décembristes envoyés, déjà, en Sibérie, pour avoir osé se soulever contre la toute puissance du Tsar.

Comme chez nous aujourd’hui, il est si difficile de soulever le couvercle de l’injustice.


Xavier Lainé


28 mars 2022 (3)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire