Réduit à la typographie, c’est plus facile d’être un personnage de roman, de l’imaginer errant ici et là en ce pays qui regarde de travers quiconque n’est pas dans la norme, quiconque n’est pas d’ici, même quand il est là depuis fort longtemps.
Mon personnage traverse le temps, il prend la voile comme passager clandestin sur la Santa Maria et fait route vers l’Ouest, sans rien savoir de ce qui se trame au bout de sa route.
Qui peut savoir, à l’instant où il vit, à quelle histoire il se trouve mêlé ?
Je suis donc dans les soutes de la Santa Maria et je fais route vers l’Ouest.
Il s’agit déjà de commerce, de trouver une route plus directe vers les Indes, une route moins mal fréquentée que celle de la soie où il s’agit de négocier avec les hordes qui ne voient pas d’un bon oeil les blancs européens s’aventurer sur ses sentiers. Alors ils les passent de vie à trépas. Comme quoi les blancs européens ont toujours eu des difficultés avec ce Moyen-Orient qui les regarde du haut de sa culture byzantine, avant même que d’être musulmane. Une culture qui dure depuis la plus haute antiquité (en tous cas depuis la chute de Rome et de l’Empire d’Occident).
Les uns avaient su reprendre le flambeau culturel des anciens, les autres, peut-être avec un sentiment culturel d’infériorité ne savaient que faire usage de la force pour assoir leur commerce inéquitable.
Il en fut ainsi de croisades en croisades, les uns portant le fer tandis que les autres poursuivaient leur aventure intellectuelle dans la fréquentation de Platon et d’Aristote que les premiers avaient gentiment oubliés depuis longtemps. Même les classiques latins étaient tombés aux oubliettes du bas moyen-âge. Seuls quelques rares ermites recopiaient inlassablement les oeuvres qui avaient pu être sauvées de l’incendie.
Ce fut l’occasion de découvrir que les armes dans leur perpétuelle sophistication offrent la possibilité d’une domination sans appel. Mais il fallait tenter le passage vers l’Ouest pour que la boucle se referme sur l’Empire d’Orient bientôt aux mains des « infidèles ». Car dans les ruines de l’Empire d’occident, la force s’accompagnaient du goupillon : la Santa Maria quitte l’Espagne de la reine Isabelle à l’heure de l’expulsion de ses juifs et musulmans tandis que l’inquisition fourbit ses armes.
Xavier Lainé
6 septembre 2025
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