mardi 30 juillet 2024

Chroniques d’un désastre annoncé 6

 





C’est quoi vivre en territoire dévasté

C’est quoi sinon survivre et verser dans l’impensable

Dans l’innommable

Désormais que la boite de Pandore est ouverte

Que les monstres montrent leur vrai visage

Que nous savons vers quels naufrages nous allons


Alors comme avant de mourir on tente encore

De se raidir

D’empêcher le massacre

On fait semblant d’y croire

Pour simplement nous cramponner

À notre maigre radeau d’humanité


Le pays des droits de l’homme

Conduit par l’homme le plus cynique qui soit

Croyait faire barrage au pire

Le triste sire ouvrait des voies d’eau dans la coque

À grands coups de concession aux odieuses rengaines

Le pire est le naufrage des mots 

L’effondrement du sens


On ne dit plus ce qui est

On travestit le réel sous des mots désossés

Dont le squelette disparaît sous la boue des mensonges

Nous en sommes là

Le poète dans le silence des livres

Pleure toutes les larmes de son corps

Quelque chose d’odieux se trame

Dont nous ne saurons peut-être jamais

Nous défaire de l’outrage


*


Tu croises du monde 

Au hasard de tes déambulations citadines

Tu les dévisages

Tous ces gens que tu rencontres

Tu te dis que parmi eux

Trente pour cent ont fait le choix du pire

Rejoignant sans coup férir

La tribu des racistes

Même si certains clament que non

Mais si


Mais si

Vous y voilà rangés

Vous qui prétendez n’avoir jamais essayé

De boire du nettoyant WC

Vous devriez essayer pour voir

Peut-être que ça vous décaperait l’esprit

Aussi sûrement que les psalmodies médiatiques

Qui tentent de faire passer le brun pour du blanc

Et le rouge pour du brun


C’est ainsi qu’avance le fascisme

Dans cette méprise de la langue

Qui ne sait plus ce qu’elle dit

Faisant passer pour vraies

Les pires contre-vérités

Pour vérités les mensonges éculés

Langue qui vante la bêtise

Condamnant la connaissance

Au nom d’une haine du savoir



Xavier Lainé

6 juillet 2024


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