jeudi 6 avril 2023

Une ode au retrait 18

 




« Les fous d’argent sont en tous lieux

Ils sont légion, ils sont nombreux

Qui aiment l’or plus que renom.

On ne loue plus la pauvreté.

Ici-bas il n’arrive à rien

Qui n’a que vertu pour tout bien :

Sagesse n’est plus honorée

L’honnête est le dernier servi

Est mis à la portion congrue,

Il ne faut plus parler de lui ;

Et qui n’aspire qu’aux richesses

Habile à s’enrichir bien tôt,

Fait l’usurier, nuit, tue, se damne,

Est félon contre son pays.

Il en va ainsi par le monde :

L’argent fait de méchantes gens.

Justice au plus riche est vendue

Et l’argent, il vous ferait pendre

S’il n’aidait pas à vous dépendre ;

Par lui reste impuni le crime.

Te le dis tel que je le pense :

Au gibet pend menu fretin.

Le frelon passe l’arantèle

Où seul s’englue le moucheron⁠1… »


Les fous d’argent ont la peau dure

La vie chevillée au corps

Ou au coffre


Ils sèment guerres et misères

Nul ne songe à en évacuer l’engeance

Au contraire

Il semble qu’ils soient adulés

Traités en dieux

Dont le masque cache mal la diablerie


Les fous d’argent sont peut-être moins nombreux 

Mais causent bien plus de dégâts qu’autrefois

Car ils tiennent dans leurs mains avides

Le pouvoir de détruire

Humains et planète

Sans l’ombre d’un remord


(18 mars 2023 — 1 — 7h42)


*


« L’avenir des hommes n’est écrit nulle part. Pour le meilleur et pour le pire⁠2. »


Rien n’est écrit

Pas même d’un mot 


Rien ne dit de quoi

L’humain serait capable


Du pire comme du meilleur

Certes

Gageons que le meilleur gagne


Il serait temps et heure

Qu’à accepter le pire

Les chemins de la révolte

Ouvrent la porte au mieux


Au mieux vivre

Qui ne se réduirait pas

À un bien-être égocentré


À un mieux vivre

Qui ne soit pas vaine attente

D’un jour où enfin se dispenser 

Où enfin consacrer les heures

À autre chose que « gagner »


« Gagner »

Symbole d’un système 

Symbole de domination reine

Où toujours les plus forts

En imposent aux plus faibles


« Gagner »

Puis finalement « perdre »

Sur un Terre dévastée

Par les gagnants

Nous seront tous perdants


(18 mars 2023 — 2 — 16h37)


*


Tombe la nuit sur les épaules

Pèse si lourd la vie

Le savez-vous

À qui n’a jamais cessé de se lever tôt

Pour ouvrir sa porte

À tous les chagrins du monde


Mon visage penché 

L’enfant sourit

Ultime baume posé

Sur les paupières du crépuscule


(18 mars 2023 — 3 — 21h18)


Xavier Lainé




1 Sébastien Brant, La nef des fous, éditions José Corti, 1997, 2004

2 Jean-Claude Michéa, Impasse Adam Smith, éditions Climats, 2002

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire