lundi 28 juin 2021

Atterrir

 




Je tente d’atterrir.

Je tente de me remettre de la colère.

Pas un mot de vrai qui se pose sur les heures.

Je voudrais être cette parole qui se pose là.

Cette parole qui dit ce que nul ne dit plus.

Que la misère et l’ignorance sont les mamelles.

Les mamelles où tètent les idées rances, les pensées avariées.


Bien sur la violence du propos dit ainsi.

Mais tellement abasourdi devant les insultes proférées, les appels au crime.

Tellement écoeuré de cette absence de retenue.

Les monstres sont lâchés dans l’arène, pour la plus grande joie des possédants.


J’hésite parfois à lâcher les brides de ma plume.

Elle pleure en secret plus souvent qu’à son tour.

Tant avant moi qui ont crié, chanté, clamé l’innocence des pauvres.

Tant qui auraient voulu d’un mot renverser le pouvoir abusif des tyrans.


Tant d’années sous le joug de l’impuissance qu’il faudrait désormais la force de Titan pour remonter la pente.

Il faudrait aller sous vos balcons fleuris, sur vos paliers en lambeaux clamer la parole contraire et la faire entendre.

À laisser médias sans état d’âme clamer leurs insanités, on vide l’humain de sa substance.

Qu’on vienne me parler des crimes du stalinisme viendrait bien sûr me contraindre à mettre dans la balance ceux du capitalisme.

Or un mort est un mort de trop quelque soit le camp qui l’exécute.

Un mort de trop pour la simple raison que nous nous laissons déposséder de notre langue contraire, de notre propos issu des communs.


Xavier Lainé


24 juin 2021 (2)


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