Bien sûr on me dira « vacances »
On me dira aussi « 15 août »
Sans trop savoir ce que la date dit
Les dates ne disent plus rien
Elles ne sont que succession de jours « fériés »
Jours où pendre au clou les devoirs quotidiens
On vous l’a dit et on vous le répète
La vraie vie n’est pas celle-là
Celle où vous oeuvrez chaque jour
À survivre aux destructions orchestrées
La vraie vie est une compétition
Gloire aux meilleurs et pas de pitié pour les autres
Vous me permettez de résister ?
*
On me dit « vacances »
Sans doute en ai-je perdu le mode d’emploi
On me dit l’obsession de réussir
Excusez-moi de n’avoir jamais su
On me dit « peur de rater sa vie »
Et à trop avoir peur le temps passe
Excusez-moi d’avoir toujours opposé à cette conception étroite
Le fou désir de vivre
Simplement vivre
Resister au courant dominant
Ne rien céder aux canons du siècle
Qui me donnent une infinie nausée
Lorsque mes yeux voient les permanentes noyades
Lorsque mes oreilles sifflent des cris de détresse
Sous les bombes vendues sans états d’âme
*
Tu erres dans les décombres
Il ne sera aucune assomption
À toute tentative de rompre les rangs
Tu erres parmi les âmes perdues
À ta fenêtre ouverte dans l’espoir de fraîcheur
Monte le bruit infernal de folles allées et venues
Comme si nos vies n’avaient aucun rapport
Avec la folie du climat
Avec la ruine qui l’accompagne
Tu erres parmi les ruines
C’est un temps étrange
Dont aucune vacance ne saurait te détourner
Tu regardes et entends
Quelque chose semble être perdu
De ce qui faisait notre sens humain
Tu t’accroches comme tu peux
À tes rêves de douce vie
Convaincu de n’y trouver aucune retraite sûre
Xavier Lainé
15 août 2024
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