dimanche 15 septembre 2024

Résistance(s) 20

 





Résister dans une société du contrôle continu n’est pas évident

On tombe sur des murs des cloisons étanches des portes verrouillées

C’est un peu comme si vivre devant passer par le canal d’écrans sans âme

L’oeil de Big Brother toujours aux aguets derrière nos faits et gestes

Il fallait lui échapper


Résister dans une société verrouillée en haut lieu est une épreuve

Tu dois toujours te méfier ne rien laisser à l’improviste

Ton devoir est d’observer comment ils fonctionnent

Ils sont tellement prévisibles qu’un oeil averti voit venir leurs pièges

Pour ne pas y tomber


Résister maintenir coûte que coûte une relation humaine

Aux gens dont les souffrances sont exacerbées par les obstacles

Vies mises entre parenthèse l’oeil rivé sur des logiciels

Qui prétendent commander à leurs goûts et choix

Faisant d’eux dépossédés


Résister au rythme effréné imposé par les critères de rentabilité

Productivité stupide qui jette au placard l’idée d’oeuvre bien faite

Relègue aux oubliettes le plaisir du travail bien fait

Qui interdit le sourire de complicité entre le soigné et le soignant

Qui du même coup déprime


Résister aux sirènes de l’artifice établi comme horizon ultime

Intelligences corsetées sous le joug des algorithmes

Imaginations échouées aux bas-fonds des sombres calculs

Vies limitées qui ne laissent aucun loisir au rêve et à l’utopie

Faisant de nous humains en peine d’humanité

Malades évidemment



Xavier Lainé

20 août 2024


Filigranes 115

 





Pour éviter les caprices de la Poste, le mieux était de me rendre sur place, de participer enfin à un séminaire de la revue et de revenir avec mon numéro 115 dans le sac.

Doux moment que ces séminaires de la revue : on s'y retrouve pour réfléchir ensemble, écrire chacun, lire le flot délaissé par la plume sur nos brouillons, causer en toute liberté sans crainte de jugement.

Il en existe si peu, de ces endroits où écrire n'est pas un supplément d'âme, un "truc" en plus, qui fait qu'on vous regarde d'un drôle d'oeil.

Il y a dans ce monde de l'écriture, le très médiatique milieu où chacun gonfle sa plume en jouant de la "célébrité" et puis cette écriture du commun, mise en commun, partagée pour le seul grand plaisir de partager.

Depuis si longtemps j'y trouve ma petite place, de numéro en numéro, comme si mes textes y réservaient la leur...

Un petit extrait pour vous mettre en appétit :

Tu as les mots qui cognent aux parois

Tu as le crâne qui résiste


Tu as les mots qui résistent

Qui ne savent pas comment sortir

Comment écrire sans faire le grand écart


Ça cogne dur jusqu’à faire mal

Alors tu rêves d’une suspension 

Avec trois petits points

À la clef de l’avenir...


Et, si vous voulez y participer ou vous abonner (ce qui serait une excellente idée et un beau cadeau à faire), c'est ici : Filigranes la revue


Cette année, le collectif Filigranes est invité à présenter son travail sous forme de deux ateliers d'écriture, le 28 septembre, dans le contexte du festival des Correspondances de Manosque (04) : une occasion de vivre ce moment de partage et d'échange en direct et d'entrer dans la danse si le coeur vous en dit...






samedi 14 septembre 2024

Résistance(s) 19

 





Il ne s’agit pas de faire discours

Mais de résister


Que chaque heure de chaque jour

Soit imprégné de la résistance nécessaire

Pour ne pas plier


Il ne s’agit pas de faire discours

Mais de désobéir


Que pas un moment de ton existence

Ne soit taxé de soumission à ce monde

Qui t’aime docile


Il ne s’agit pas de faire discours

Mais de faire sécession


Ce qui est l’acte de réussite dans ta vie

Se situe dans ce hors sujet comme pied de nez

À un monde qui ne sait rien de la vie


Il ne s’agit pas de faire discours

Mais de marcher à ton pas


Pour ne pas suivre le troupeau de la consommation

Tourner le dos aux vaines gloires

Te contenter de ce qui est vivant


Il ne s’agit pas de faire discours

Il s’agit d’agir à chaque instant



Xavier Lainé

19 août 2024


vendredi 13 septembre 2024

Résistance(s) 18

 





Il y avait cette nostalgie

Envahissant l’âme

Comme un vague souvenir

De vies non vécues

Ou vécues par d’autres


Alors tu es venu d’un autre univers

Traversant le temps et l’espace

Une mélodie aux lèvres

Comme arme de résistance

Dans la nuit qui lentement s’étend


Tu te sens l’âme en détresse

Devant les frontières fermées

À la poésie des langues 

Aux rêves éblouis des enfants perdus

Ceux qui survivent en niches de misère


Tu vis avec cet étrange sentiment

Ta vie suspendue à la beauté d’un violon

Sous la lune discrète les étoiles qui scintillent

Tu vis comme ça le coeur en berne toujours

Comme si la joie t’était interdite


La joie cependant vient en musique

Tu fermes les yeux pour oublier sous la mélopée

Les tragédies qui se répètent sous le joug

Les souvenirs de vies non vécues

Qui pourtant t’envahissent de leur mémoire



Xavier Lainé

18 août 2024


jeudi 12 septembre 2024

Résistance(s) 17

 





Lentement mais sûrement

Ta résistance se fait de plus en plus passive

Fuir les lieux adulés

Quitter les espaces publics trop fréquentés

T’ensauvager pour ne pas te fondre

Dans une foule affolée


Lentement mais sûrement

Tu quittes le temps des désespérances

Tu te réfugies entre deux piles d’ouvrages

Ta réserve en est inépuisable

La compagnie des mots te sied parfaitement

Bien mieux que celle de ce pays devenue proie

Pour les appétits grossiers


Lentement mais sûrement

Tu suis les chemins de traverse

Ceux qui serpentent à l’ombre de ce monde

Tu résistes au chant des sirènes

Qui t’appellent en vaine « réussite »

Il n’en est pas de plus grande

Que de garder ton esprit libre

Dans un monde qui cherche à le corseter


Lentement mais sûrement

Ta résistance suit des chemins buissonniers

Pour ne pas te mêler à ces foules en liesses

Adulant quelques célébrités sans âme

Tu fuis pour ne pas sombrer avec les autres

Tu fuis pour protéger encore ta capacité à résister



Xavier Lainé

17 août 2024


mercredi 11 septembre 2024

Résistance(s) 16

 





Parfois le gris

N’est en aucun cas synonyme de lourdeur

Il lui suffit de quelques gouttes éparses


Parfois le gris de l’âme

N’est pas synonyme de tristesse

Juste une nostalgie

Un vague à l’âme

Un instant de vacillement

Devant les tâches à entreprendre

En faire des actes de résistance

Une façon de ne pas s’agenouiller

De ne pas courber l’échine

De ne pas s’adonner au vice de la fatalité


Parfois le gris est un appel

Une invitation à aller voir

Au-dessus des nuées le bleu du ciel

Où les mots d’amour prennent leur envolée

Laissant les larmes aux âmes tièdes


Parfois le gris

T’entraîne dans son sillage

À observer par delà les façades

Les sourdes colères qui se trament

Sous le silence d’apparence soumis

Parfois le gris 

Te prend par la main

T’invite à avancer

Sur le chemin étroit des amours éphémères



Xavier Lainé

16 août 2024