vendredi 13 mai 2022

… Rêve ce qu’il te plaît 2

 




Il semble pourtant qu’en des lieux capitaux une fumée de liberté s’échappe.

C’est la foule des grands jours, ou des grands soirs en pavois multicolores.

Le tribun harangue la foule un instant puis la marche se poursuit.

On se prend à rêver qu’elles ne s’arrêterait plus d’avancer, jusqu’à monter à l’assaut de tous les pouvoirs.


En mai, il est de tradition de rêver construire nos utopies.

Qu’un monde meilleur soit à notre portée, nous en sommes convaincus depuis longtemps.

Mais pas tous, convaincus, pas tous.


Pour beaucoup les désillusions de l’histoire ont un poids qui engourdit les consciences.

Il faut du temps pour se remettre de l’accumulation des mensonges.

Il faut du temps pour remettre à gauche ce qui est à gauche, à droite ce qui est à droite.

Il faut du temps pour reconstituer le puzzle en cent mille pièces de nos espérances.


Je me revois allant d’un bon pas.

C’était le 10 mai de l’année 1981.

Je partais de chez moi, sans banderole ni drapeau.

J’arrivai place de la Bastille où la fête commençait à peine.

La fête et l’illusion.

Quelque chose s’ouvrait et se fermait en même temps.

Rejet lorsqu’à quelques-uns, nous revendiquâmes que tout ceci ne pouvait être qu’un début et non une fin.

Puis portes fermées, Place Colonel Fabien, comme si un deuil venait de frapper les combattants d’hier.


Xavier Lainé


2 mai 2022


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