jeudi 12 mai 2022

… Rêve ce qu’il te plaît 1

 





C’est un cri de martinet revenu et retrouvant son nid sous la génoise.

Un piaulement de moineau dérangé par le retour du premier.

C’est un rayon de soleil derrière drapeau multicolore invitant à la paix.

J’aurais aimé pour un jour au moins y ajouter drapeau rouge du sang des ouvriers.

Mais je n’ai pas d’oriflamme de cette couleur rebelle.


C’est un jour pas comme les autres où la mémoire s’aventure au plus loin.

Cultiver la mémoire et l’histoire pour préserver chaque jour une parcelle de rêve qui puisse fonder autre chose, sans même savoir quoi.

Avancer dans la clarté d’un temps de grises mines et de coups de grisou.

Un temps de tempêtes et de guerres grondant tout autour.

Un jour toujours de sang répandu à l’instant de redresser la tête.


Me voici rêvant que les rues et les places se mettent à vibrer de cette foule immense.

De ces quatre-vingt-dix-neuf pour cent de gens dont j’ai décliné au fil du mois des poissons, le mépris qui les accable.

J’ai rêvé et je me souviens de ces temps où la peur n’avait pas encore accompli son outrage.

Où manifester faisait encore partie des droits civiques élémentaires.

Je me souviens de ce temps, où, certes maréchaussée était présente, mais sans aller jusqu’aux provocations à la violence.

Un temps où la démocratie faisait encore semblant d’exister.


Il n’en reste pas grand chose, à l’heure du délit de solidarité et de la suspicion érigée en règle administrative.

Quarante années que, gouvernements après gouvernements il s’acharnent à semer la peur, posant couvercle étanche sur les souffrances endurées.


Xavier Lainé


1er mai 2022


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