Alors bien évidemment les apparences
Ha ! Les apparences
Sont toujours sauves
Rien ne transpire du vrai
Tant en pays convenu
Rien ne doit transparaître
On se tait
On sait que tout ce qu’on pourrait dire
Pourrait être retenu comme charge à preuve contre
On se tait
De ce mutisme de convenance
Nait le maintient d’un régime
D’un système
Que voulez-vous
Puisque rien ne se voit
Que la parole est toujours soumise à caution
Qui pourrait se douter de la maltraitance
Personne
Car personne ne voit rien ni n’entend
On regarde ailleurs
Non qu’on ne soit pas concerné
Mais peut-être qu’on l’est beaucoup trop
Concerné
Que ça fait mal de voir chez les autres
Ce que chez soi on a bien du mal à vivre
Alors voyez-vous
Celui qui parle avec la crainte
Entre sur la pointe des pieds
Il hésite
Dans la difficulté de vivre ainsi
Avec toujours l’épée de Damoclès pendue là
Il n’a que l’embarras du choix
Se taire et faire le dos rond
Tellement rond qu’il mettra sur le dos de vieillesse
Les douleurs que son dos génère d’en avoir plein
Justement
D’en avoir plein
Alors tu hésites
Tu pourrais comme beaucoup te livrer aux addictions
Te vautrer devant l’écran plat d’un monde vidé de sa substance
Ou boire verres après verres pour oublier
Jusqu’à ce que l’ivresse gagne et te laisse pour mort
Au beau milieu de la rue
Sans que nul ne se penche sur ta dépouille
Sans murmurer que tu l’auvais bien cherché
Tu pourrais
Mais tu ne fais
Tu lis
C’est une autre ivresse
Un moment déconnecté de ce monde
Où il ne fait pas bon vivre
Où le confort n’est qu’un leurre
Inaccessible pour beaucoup
Tu lis
Tu ouvres les pages de ton esprit
À la certitude de n’être qu’un parmi tant d’autres
Dépossédé de tout pouvoir de te construire une vie
Qui soit digne de ce beau nom
Xavier Lainé
13 novembre 2024
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