jeudi 7 juillet 2022

Sur un fil 23

 




«  C’est sans doute un mal que d’être plein de défauts ; mais c’est encore un plus grand mal que d’en être plein et de ne les vouloir pas reconnaître, puisque c’est y ajouter encore celui d’une illusion volontaire. » Blaise Pascal, Pensées.


Puis un jour, sans crier gare, voici que le vent tourne.

Que celui qui ne se voyait au miroir de lui-même que dépourvu de toute imperfection, reçoit en pleine figure la suprême contradiction.

Il se voyait beau, intelligent, exempt de tous vices.

S’en était déjà un que de se contempler tel Narcisse au miroir de son âme aveuglée.

Où on se croit blanc comme neige, refusant le miroir tendu par les autres, on finit par s’effondrer dans un vertige croissant.

Un homme seul ne peut avoir raison contre vents et marées.

Un tel homme un jour ou l’autre se heurte au mur du réel.

S’il se retourne contre ceux qui le lui ont tendu, alors il se montre sous son vrai jour, celui de la tyrannie.

Du pervers au tyran, il n’est qu’un pas si vite franchi lorsque tu ne prends pas garde à demeurer modeste !


Il est terrible, le sort d’un peuple qui confie son sort à tel individu.

Il est tout aussi terrible, lorsque, dépossédé de ses capacités de réflexion, il ne voit pas en quelle ornière l’être persuadé de ne présenter aucun défaut va le jeter.

Voici qu’on paie pour la bonne mine d’un sournois.

Mais c’est devenu monnaie courante que de se croire au-dessus des facéties d’être humains.

On pérore ici ou là, on est persuadé d’être le meilleur et donc d’avoir voix autorisée à donner des leçons.

Quand il faudrait faire preuve d’humilité on étale sa culture ou ses raisonnements, exigeant que vrais ou faux ils soient gobés comme vrais.

C’est le triste sort du citoyen réduit à n’être qu’un spectateur médiatisé.


Xavier Lainé


23 juin 2022


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