vendredi 1 juillet 2022

Sur un fil 17

 




Je ne suis que maigres mots à l’instant de faire basculer l’histoire.

Ce qui hier semblait improbable semble devenir possible. 

On voudrait déjà être à demain.

Pour savoir si, une fois de plus, nous pourrions être déçus.

Ou si nous pourrions nous laisser aller à la joie.


Tant qui, ici, sont en mode survie depuis si longtemps.

Que tout espoir leur semble hors de portée.

Qu’il n’est plus un poème qui puisse soulever leur enthousiasme.

Ils vivent.

Au jour le jour, ils vivent.

Ils s’étonnent chaque jour de vivre encore.

Ils suivent les traces de Marc Aurèle sans le savoir.

Car le savoir, ils sont convaincus que ce n’est pas pour eux.

Ils sont nés du mauvais côté de l’histoire.

N’imaginent même pas pouvoir franchir cette frontière invisible tracée de mains de maîtres.

Ou qui se prétendent tels.


On aime l’opacité, chez les mâles dominants.

Parfois certaines femelles prennent d’ailleurs les travers des premiers.

On aime l’enfumage, les paroles creuses, la confusion.

On pousse des cris d’orfraie si une femme de chambre, suprême outragée à leurs yeux, devait pénétrer dans le saint des saints de la République à leur seul service.

Les voilà qui font moult ronds de bras, plongent les mains aux bénitiers et font signes de croix pour repousser le démon.

Quoi ?

Le peuple saurait se représenter lui-même ?

Il y a pourtant une vraie poésie à envisager qu’enfin la peur change de camp.


Xavier Lainé


17 juin 2022


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