J’ai peut-être perdu le sens de l’à propos.
J’ai perdu le fil conducteur et le mode d’emploi.
Me suis retrouvé bête et sans voix, sur la voie de garage réservée aux imbéciles.
Nous étions si nombreux qu’en nous regardant nous avons souri.
À tourner en rond en nous demandant si vraiment nous étions à notre place, nous avons fini par voir, derrière les barrières, le visage de nos geôliers.
Ça valait le détour, je vous assure.
Ha ! Pour ça, ils étaient tous bien mis, bien chaussés, cravatés avec grand soin.
Ils nous regardaient avec mines condescendantes, sans mesurer le mépris qui émanait de leurs doctes personnes.
Nous étions manants derrière les gestes barrière imposés, masqués par obligation n’ayant plus les moyens de payer l’amende prodigieuse dont ils attendaient les subsides avec gourmandise.
Parqués comme des imbéciles, ils ne voyaient pas le miroir que nous leur tendions.
Ils nous voyaient alors que nous n’étions que leur piteux reflet.
Trop imbus de leurs personnes pour croire en ce stratagème.
Trop fiers d’eux-mêmes et convaincus de leur raison, ils ne pouvaient penser dans notre prison à ciel ouvert, le moindre geste de raison.
Depuis longtemps ils s’étaient persuadés que la raison allait toujours de leur côté, celui du plus fort, du plus riche, du plus arrogant.
Ils ne savaient pas voir, ils projetaient sur le mur de nos geôles leurs propres fantasmes.
Nous, du fond de cette caverne, nous fourbissions nos armes.
Nous découvrant finalement, collectivement moins stupides que les pitoyables trop longtemps soutenus au nom de notre propre ignorance, nous tissions entre nous les liens essentiels qui sauraient faire sauter les verrous, tordre les grilles et faire tomber les masques.
Xavier Lainé
1er octobre 2020
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