samedi 25 décembre 2021

Effeuiller les jours (Ou la vie sous contrainte) 15

 




C’est un jour où tu vas d’écoeurement en écoeurement.

Un dimanche radieux d’un automne silencieux.

Chacun fait comme si de rien n’était.

Moi, je me demande si je vais un jour retrouver le chemin d’un travail serein.


C’est un jour, ou le lendemain d’un jour.

Vous aviez fait votre choix sans rien en dire.

Vous aviez pris le temps sans doute d’y réfléchir.

Fait le choix de suivre les appels.

Etonnant ce besoin de suivre.

Moi, je serais plutôt pas de côté.


C’est un jour d’intense lassitude.

Vingt mois de lutte pour vous aider à ne pas plier sous le joug des angoisses pesantes.

Vingt mois à vous soigner.

Quarante ans à lutter le plus souvent seul, pour être là et ouvrir ma porte au mépris parfois de mes propres rêves.

Je l’avoue j’ai versé une larme discrète un soir d’applaudissements.

J’en ai bien vite saisi les limites.


C’est un jour où je me rends compte n’être pas sur la même longueur d’onde.

Ce que vous prenez pour santé (ce qu’on vous en dit et rabâche depuis quarante années), ce n’est que réclamation d’un dû qui serait pansement sur plaies ouvertes, sans remédier aux raisons d’icelles.


C’est un jour, dimanche, las.

Une envie soudaine de ne plus suivre ce chemin où vous allez faire la noce, devant hôtel des mariages ou sur des rond-points.

Moi, je ne sais plus.

Pas la moindre envie.

Au contraire celle de fuir définitivement votre monde qui s’emballe, ne sait plus ce qu’il fait.

Du plaisir d’en découdre au feu de paille des révoltes sans lendemain, je m’interroge.


C’est un jour où j’ai tort.

Vous m’avez si longtemps laissé seul sur le bord de votre chemin.

Vous admiriez ma poésie, sans même lire entre les lignes qu’elle ne faisait que suivre vos ailes battantes, de lumières en phares brandis pour votre égarement.

Notre égarement.

Car je le suis autant que vous, égaré.


Sous leur contrôle permanent, ils ont fait de nos jours des simulacres de vies.

Contrôles que certains contournent, avec ingéniosité.

Mais contrôles quand même, luttes réduites à reprendre des rond-points devant les autoroutes qui souillent la planète autant que la bagnole qu’il me faudrait prendre pour vous rejoindre.


C’est un jour comme ça, où je me dis que mon ultime lutte sera de trouver la vallée assez perdue pour rompre tout contact.


Xavier Lainé


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