mercredi 2 avril 2025

Ivresse et solitude 18

 





Désolé

Difficile de me faire

À une ville livrée pieds et poings liés


Une ville où le livre peu à peu

N’a plus droit de cité

Sinon pour que quelques huiles

Quelques jours

Viennent y pérorer 

Une ville sans ambition 

Sinon quelques belles façades

Des places rutilantes et propres

Mais dont la vie s’est exilée


Désolé

Difficile de m’y faire

À cette ville qui se vide

Peu peu de toute son âme


Encore deux coups de pelleteuses

Il n’en restera rien

Sinon belles apparences

Dans des rues mornes et vides

Vous aviez cru en la jeunesse

Vous ne saviez pas que parfois

Jeunesse sans esprit se fourvoie

Dans les pires détresses


Désolé

Difficile de m’y faire

À cette ville qui meurt

Sous les mauvais coups


*


Je vais par les rues éventrées

À la recherche de l’impossible

Celui qui se présente juste au coin

Des mots qui dégoulinent de bienveillance


Je vais par les rues mortes

Sous un soleil de printemps

Au plein coeur de l’hiver

Où nos coeurs saignent 


Je vais par les places défoncées

À la recherche des ultimes mots

Posés entre deux couvertures

Pour qu’ils ne prennent pas froid


Je vais en ma ville perdue

Son âme vendue au plus offrant

Si sûr de lui qu’on lui donnerait

Bon dieu sans confession 


Je vais en ma ville qui saigne

Sous le joug implacable 

Des certitudes établies

Des dogmes de l’argent roi


Je vais d’un pas lourd

Cherchant une once de pitié

Dans les artères exsangue

Où errent l’oeil morne

Les citoyens d’un monde vendu

Aux pires démolisseurs

Que notre espèce connaisse


Je vais d’un pas pesant 

Courant dans ma ville vouée à la mort



Xavier Lainé

18 février 2024


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