Désolé
Difficile de me faire
À une ville livrée pieds et poings liés
Une ville où le livre peu à peu
N’a plus droit de cité
Sinon pour que quelques huiles
Quelques jours
Viennent y pérorer
Une ville sans ambition
Sinon quelques belles façades
Des places rutilantes et propres
Mais dont la vie s’est exilée
Désolé
Difficile de m’y faire
À cette ville qui se vide
Peu peu de toute son âme
Encore deux coups de pelleteuses
Il n’en restera rien
Sinon belles apparences
Dans des rues mornes et vides
Vous aviez cru en la jeunesse
Vous ne saviez pas que parfois
Jeunesse sans esprit se fourvoie
Dans les pires détresses
Désolé
Difficile de m’y faire
À cette ville qui meurt
Sous les mauvais coups
*
Je vais par les rues éventrées
À la recherche de l’impossible
Celui qui se présente juste au coin
Des mots qui dégoulinent de bienveillance
Je vais par les rues mortes
Sous un soleil de printemps
Au plein coeur de l’hiver
Où nos coeurs saignent
Je vais par les places défoncées
À la recherche des ultimes mots
Posés entre deux couvertures
Pour qu’ils ne prennent pas froid
Je vais en ma ville perdue
Son âme vendue au plus offrant
Si sûr de lui qu’on lui donnerait
Bon dieu sans confession
Je vais en ma ville qui saigne
Sous le joug implacable
Des certitudes établies
Des dogmes de l’argent roi
Je vais d’un pas lourd
Cherchant une once de pitié
Dans les artères exsangue
Où errent l’oeil morne
Les citoyens d’un monde vendu
Aux pires démolisseurs
Que notre espèce connaisse
Je vais d’un pas pesant
Courant dans ma ville vouée à la mort
Xavier Lainé
18 février 2024
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